Le succès pour le Festival des Terres Neuvas de Bobital (22) / Quelques photos d'artistes présents.

Publié le par Isabelle

La légende du rock américain, Jerry Lee Lewis, 76 ans, lors d'un concert au Festival des Terre-Neuvas, le 8 juillet 2006. | AFP/ANDRÉ DURAND La légende du rock américain, Jerry Lee Lewis, 76 ans, lors d'un concert au Festival des Terre-Neuvas, le 8 juillet 2006.

AFP/ANDRÉ DURAND








"On se tape des bornes pour amener un peu de culture dans des coins reculés de France." Le chanteur Bénabar taquine la foule de Bobital, qui y va de sa bronca bon enfant. Même sous l'averse, les pieds dans la boue - une première depuis la création du festival des Terre-Neuvas, en 1998 -, on sait faire la fête au village. Surtout quand les mille habitants de ce bourg des Côtes-d'Armor reçoivent, du 7 au 9 juillet, plus de cent vingt mille personnes qui transforment cette kermesse en l'un des plus gros événements musicaux de France.

On a déjà entendu cette histoire : un village breton isolé, qui lance, en hommage aux "anciens", un festival de musique, dont la base régionale finit par s'imposer dans le gigantisme, grâce, entre autres, à l'implication de bénévoles (plus de mille quatre cents à Bobital). A Carhaix, le festival des Vieilles Charrues a connu ce destin, pour devenir le plus grand rassemblement estival de France.

C'est en voulant célébrer les pêcheurs de morue que trois copains - Didier Guenroc, Pierrick Benoît et Guy Hamon, rejoints par Serge Lemetayer - ont choisi d'organiser des concerts à Bobital, à 7 kilomètres au sud de Dinan. "L'arrière-pays malouin fournissait les hommes d'équipage des Terre-Neuvas", explique Pierrick Benoît, président de l'association organisatrice du festival. Ancienne commune agricole, Bobital ne possède plus qu'une seule ferme dont le propriétaire est celui de la vaste prairie sur laquelle se posent les trois scènes et les multiples stands, bars et chapiteaux du festival.

Depuis 1998 et les trois mille cinq cents spectateurs de la première édition, l'événement a prospéré sur ce terreau breton qui voit pulluler les festivals. "C'est une tradition en ligne directe du fest-noz", analyse Benoit Careil, un producteur rennais. "En Bretagne, on aime faire la fête sans se préoccuper des fossés de génération."

La programmation des Terre-Neuvas est vouée au consensus, au point de faire penser à une fête de mariage où le DJ chercherait à faire danser les gamins autant que les oncles et les mamies. Aux côtés des forçats des festivals rock - Mickey 3D, Anaïs, les Wampas, Dionysos -, du néo-metal - The Rasmus, Aqme, Lordi - et d'une touche de reggae - Patrice -, on trouvait cette année la banane de Dick Rivers et le brushing peroxydé de Bonnie Tyler.

"La mixité de la programmation fait la mixité du festival, plaide Didier Guenroc, un des programmateurs, par ailleurs cadre dans une entreprise de surgelés. C'est pour cela qu'on a toujours programmé des artistes un peu décalés ou oubliés comme Daniel Guichard ou Carlos. Ce parti pris populaire fait partie de notre identité."

D'autant que l'actualité peut croiser la nostalgie. Ex-adolescents du début des années 1980 et teenagers ont pu se fédérer autour de ceux qui furent l'épine dorsale du rock français d'avant Noir Désir : Indochine, Jean-Louis Aubert (qui reprend plusieurs morceaux de son ancien groupe, Téléphone) et Trust (reformé pour l'occasion).

Dans cette logique, cette 9e édition s'est offert trois papys du rock'n'roll : Jerry Lee Lewis, 76 ans, Little Richard, 73 ans, et Chuck Berry, 79 ans. Si leurs caprices, dont un concours de celui qui a la plus grosse limousine, mirent les nerfs des Bretons à rude épreuve - on retrouva la Lincoln blanche de Little Richard devant le McDo de Dinan à l'heure où le pianiste était censé être en scène -, le bonheur enfantin de Jean-Louis Aubert jouant Little Queenie avec son idole Chuck Berry, restera un beau moment du festival.

L'afflux de foule n'a pas que des avantages, surtout quand l'euphorie post-baccalauréat s'accompagne d'excès de boissons. "En 2005, nous étions arrivés à saturation, admet le maire du village, Denis Riaux. Des riverains avaient créé un comité pour protester. Cette année, nous avons signé une charte pour consacrer au moins 1 % du budget à la sécurité. On atteint en fait plus de 3 %." Conséquence de ces nouvelles précautions, la plupart des maisons du village ont été grillagées.

Malgré un minimum de subventions publiques (3 %), le budget 2006 du festival - 3,5 millions d'euros - connaîtra sans doute un excédent, qui devrait permettre à l'association de s'offrir un siège social digne de ce nom. Si Terre-Neuvas ne partage pas le militantisme "bretonnant" qui présida à l'origine des Vieilles Charrues, l'équipe du festival et le maire du village aimeraient créer une salle de spectacle polyvalente. Ce qui n'est pas forcément du goût des responsables politiques locaux.

Dick Rivers - Terre Neuvas (Bobital) 2006 Benabar - Terre Neuvas (Bobital) 2006 Indochine - Terre Neuvas (Bobital) 2006 Les Wampas - Terre Neuvas (Bobital) 2006







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