Marathon du Médoc , course atypique pour sportifs bons vivants
Les coureurs du marathon du Médoc près de Pauillac, le 9 septembre 2006 (Photo Pierre Andrieu/AFP) |
A l'heure où la brume nimbant les prestigieux vignobles de Margaux ou Mouton-Rothschild n'est pas encore dissipée, s'amassent déjà derrière la ligne de départ les milliers de concurrents du 22e Marathon du Médoc, événement convivial et festif plus que sportif, point d'orgue de trois jours de festivités à Pauillac (Gironde).
Venus de Lorraine ou de Corée, des bandes de pirates, des essaims d'abeilles ou des cohortes de légionnaires romains, ont chaussé les baskets et déferlé dans les vignes médocaines pour avaler les 42,195 km de ce marathon atypique que Bruno Davin, un des cinq fondateurs, voudrait voir figurer en deuxième place sur l'agenda des coureurs derrière "La Mecque, à New York".
A la suite d'un défi clôturant un repas arrosé en 1982, Bruno, aujourd'hui ingénieur de 59 ans, hâbleur et passionné comme au premier jour, a justement fait son pèlerinage aux Etats Unis, avec cinq copains.
Puis dans la foulée, ils ont fait d'autres courses.
"Et on les a trouvés tristes", regrette-t-il.
En 1985 naissait ainsi le Marathon du Médoc, "qu'on voulait comme une fête. Et quand vous êtes invité à une fête, vous venez déguisés, non?"
Vingt-deux ans plus tard, de 500 inscrits, on en est à plus de 8.500, en costume ou simplement maquillés, qui s'élancent hilares sous le soleil sur ce circuit, "unique marathon non-urbain", serpentant entre chemins de vigne et petites routes communales.
"Ici, c'est exceptionnel !", s'enthousiasme Marc, "j'en suis à mon cinquième, j'amène mes potes", explique-t-il traduisant l'ambiance générale: on vient pour la convivialité, pas pour la performance.
Une participante du marathon du Médoc près de Pauillac, le 9 septembre 2006 (Photo Pierre Andrieu/AFP) |
D'ailleurs, ce coureur parisien, pris en charge pour des débuts de crampes dans une des nombreuses tentes de massage postées tout au long du parcours, ne prétend pas faire un chrono: "C'est dur et il fait chaud", reconnaît-il en quittant péniblement sa table de soin.
La convivialité, c'est également les dégustations de vin proposées sur le parcours: "On a prévu 160 bouteilles. Ce qui nous motive, c'est de partager le plaisir du vin", glisse rapidement Frédéric Bonnaffous, directeur d'un grand-cru classé, accaparé par des centaines de marathoniens faisant halte dans sa propriété.
De l'autre côté du comptoir improvisé dans les jardins du domaine, un verre de château Belgrave 2004 à la main, trois jeunes Dunkerquois en sueur saucissonnent au son d'un des orchestres disséminés sur le parcours: "C'est la cinquième fois que je viens", explique l'un d'entre eux, "je commence à savoir ce qu'il faut amener", assure-t-il en désignant son pique-nique.
Son compagnon, Yohann, dossard 3393 et membre de l'AS PTT de Dunkerque, jure "qu'il n'y a que cette course (qui soit) comme ça et on compte bien aller au bout". A quelques pas, Robert, grimé en vache suisse portant le numéro 2089, compte bien aller au bout, lui aussi: "J'en suis à mon troisième château et j'irai loin !" Il lui en reste 20...
Mais le marathon du Médoc, pour original qu'il soit, n'est pas chose improvisée: 1 million d'euros de budget, 2.600 bénévoles, dont 300 médecins et para-médicaux, des milliers de repas servis, un congrès médical, des études scientifiques (sur la cardiologie, la podologie, la dermatologie, etc.), pour trois jours de fête, de sport et de recherche, du vendredi au dimanche soir.
Reste la course: cette année, elle a été remportée par David Antoine et Nathalie Vasseur, déjà vainqueurs en 2005. Mais quel concurrent le retiendra ?
PS : M.J ,ta présence manquait cette année ... partant pour l'année prochaine ?
Bisous !