Et si on plantait un mimosa ?

Publié le par Isabelle

Il était là, grand arbuste d'un jaune à faire pâlir le soleil, certes un peu dégingandé comme s'il était sorti de terre, né d'un semis spontané - ce qui n'est pas impossible, car il nous souvient qu'il y a quelques années un grand mimosa poussait de l'autre côté de cette rue de banlieue, plaqué contre le pignon d'une grande maison. Un hiver, il a gelé jusqu'à terre. Un oiseau, ou le vent, aura dispersé une graine chez les voisins.

Deux rues plus loin, un autre, puis un autre encore, plantés dans des petits jardins où l'on observe quelques beaux palmiers de Chine, quelques eucalyptus et quantité de camélias en fleur, de prunus roses ou blancs, de forsythias jaunes, de cognassiers du Japon rose vif, presque rouges. Ceux-là bien ronds, trapus.

Trois mimosas en fleur espacés de quelques dizaines de mètres, à coup sur, on ne voyait pas cela voilà vingt ans dans la banlieue parisienne. Et jamais collègues et amis ne nous avaient posé tant de questions au sujet de cet arbuste. Tous veulent en planter un. Qui sur son balcon, qui dans son jardin.

Bonne idée. Cet arbre pousse très vite, supporte la sécheresse. Cependant, il n'est pas si facile que cela et il existe plusieurs mimosas. Pour commencer, son vrai nom est Acacia, tandis que l'arbre que nous connaissons sous ce nom est le robinier, endémique des Etats-Unis, grand arbre qui perd ses feuilles en hiver et fleurit d'innombrables grappes de fleurs blanches, comestibles et délicieuses préparées en beignets, auxquelles elles donnent un parfum de fleur d'oranger. Il produit un bois blanc, dense, résistant naturellement à la pourriture, ce qui en fait un matériau de choix pour faire des piquets de vigne, des clôtures dont il suffit de brûler la pointe ou des meubles de jardin.

Pour finir, le vrai Acacia est un faux mimosa ! Vrais et faux acacias ont en commun de pousser très vite, souvent malheureusement de drageonner d'abondance et d'avoir des feuilles divisées.

Les ressemblances s'arrêtent là : du reste, l'Acacia qui n'en est pas un a pour nom latin Robinia pseudo acacia, tandis que le mimosa qui n'en est pas un s'appelle Acacia. En fait, on devrait mettre ce nom latin au pluriel, car il existe d'innombrables arbres et arbustes parmi cette grande famille répartie sur presque tous les continents, partout où la température reste douce.

De la sensitive qui est un vrai mimosa comme son nom latin l'indique (Mimosa pudica), petit buisson brésilien aux glomérules rose foncé, dont les feuilles se replient dès qu'on les touche et sitôt la nuit venue, à l'arbre solitaire poussant dans le désert au milieu de la caillasse, en passant par l'australien mimosa des fleuristes (Acacia dealbata) et le mimosa des quatre saisons (Acacia rétinoïde), il y a des centaines d'autres mimosas dont certains épanouissent des fleurs en forme de chenille, d'autres de minuscules glomérules blancs.

Tous ont en commun de fixer l'azote du sol grâce aux nodules disposés le long de leurs racines. Ils sont souvent des plantes pionnières qui surgissent là où rien d'autre ne pousserait, croissent à toute vitesse, faisant de l'ombre aux arbres qui prendront leur place. Ils enrichissent le sol, fournissent du fourrage - encore que certains Acacia soient capables de se protéger en produisant à volonté des substances empoisonnées quand ils ont subi une première razzia de la part des girafes ou des petits herbivores capables de grimper dans leurs branches.

Bon, et si on en plantait un ? D'abord, il faut savoir que si les températures tombent sous - 8 degrés pendant deux jours, le pied gèle. Ensuite, Acacia dealbata, qui fleurit en ce moment, préfère les terres neutres, voire acides, et craint donc le calcaire. Son enracinement est très puissant, capable d'aller chercher l'eau à plus de 10 mètres et de provoquer de gros dégâts aux tuyauteries d'adduction ou de réjection d'eau, comme il l'est de soulever un mur ou d'endommager les fondations d'une vieille maison. Il ne se plaît pas en pot ou en bac... à moins qu'il ne soit greffé sur Acacia rétinoïde.

Le mimosa des quatre saisons fleurit du printemps à l'automne, mais de façon plus discrète que son cousin hivernal. Il supporte très bien le calcaire, a un enracinement moins puissant, un développement moins envahissant et, surtout, ne drageonne pas. S'il résiste moins bien au froid, il accepte de pousser dans un grand pot ou en bac.

De préférence, on choisira donc un mimosa d'hiver greffé sur rétinoïde. On le plantera contre un mur, qui le protégera des vents froids, de préférence plein sud ou au sud-ouest... ou un rétinoïde qui sera planté de la même façon. Si l'on opte pour un mimosa d'hiver non greffé, on l'éloignera des vieux murs et des canalisations et l'on ne le fera que si la terre est à tendance acide, caillouteuse, séchant bien l'hiver.

Reste un défaut auquel on ne pense pas toujours, mais le pollen des mimosas est un allergisant redoutable...

 

Le mimosa pousse vite et supporte bien la sécheresse. Mais il craint le gel et les terres calcaires. | AFP/VALERY HACHE

Le mimosa pousse vite et supporte bien la sécheresse. Mais il craint le gel et les terres calcaires.

AFP/VALERY HACHE
 

Publié dans Ecologie - Nature

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Z
je n'arrivais pas à expliquer à maman ce que c'était la mimosa, et bien voilà, c'est donc acacia, ça je peux le dire en hollandais! magnifique cet arbre!!
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