La dictature du bien être

Publié le par Isabelle


Nous entrons dans une dictature du bien-être, on nous condamne à un esprit sain dans un corps sain ... Où allons nous ?

Eh oui aujourd’hui on ne peut plus manger sans avoir peur de choper le H5N1 ou la vache folle, on finit par boire des sodas sans goût parce qu’il y a trop de sucre, on évite le maïs de peur qu’il soit transgénique, on ne peut même plus partir en vacances sans passer par des spas et je vous épargne la prolifération du bio.
Mais le pire c’est demain: on ira dans des bars où l’air sera purifié à la Javel, on dînera face à un sachet liophylisé, on se baladera avec un casque à oxygène sur le nez pour ne pas encrasser nos poumons de dioxyde de carbone, on mettra des gants Mapa pour serrer la main de notre voisine.

Mais franchement, de mon côté je n’ai pas envie de finir ma vie comme Jacques Weber dans sa pub Fruit d’or !

Bref, tout ça pour dire qu’à force de se protéger de toutes ces maladies, à force d’avoir trop peur de mourir, on en vient à ne plus se laisser vivre. On ne peut même plus se laisser aller à ses instincts primaires de peur de choper le sida ou une autre MST. Génération traumatisée de vivre car les choses les plus primordiales à la vie sont devenues un danger.

Du coup on avertit, on légalise, on fait tout pour prévenir et éviter de guérir. Et il y en a même qui sortent des livres pour nous démontrer que notre ” style de vie occidental change du tout au tout et devient le plus cancérigène qui soit” * (David Servan-Schreiber).

On nous pousse donc à faire de plus en plus attention à notre panier, à rationnaliser notre consommation alors que paradoxalement, on a jamais autant été dans une dynamique de consommation de masse. En d’autres termes, on nous incite à consommer utile mais d’un autre on nous manipule pour consommer inutile.

Bientôt on va se battre pour avoir un Iphone. Du coup, de notre côté de petits pions, on arrête pas de dire haut et fort qu’on a pas assez d’argent pour acheter, dépenser, consommer…

Tout le monde veut avoir sa part de gâteau pour remplir son frigo, on en viendrait presque à nous enlever le pain de la bouche pour pouvoir avoir un repas assaisonné d’oseille et peu importe que le plat soit indigeste pour certains ! les publicitaires l’ont d’ailleurs compris depuis longtemps, ils font tout pour qu’on achète plus, sauf que maintenant, on se demande si la pub ne nous fait pas grossir réellement ?

C’est donc une réélle crise de mauvaise foi qu’on nous sert à toutes les sauces, car même si Dove dénonce le matraquage publicitaire, Axe n’hésite pas à se faire de l’argent sur notre pathétique luxe de pouvoir jouer avec la nourriture. Force est donc de constater que l’hôpital  se fout de la charité car tous ces discours gastronomiquement incorrects entretiennent cette boulimie de consommation !
Je suis donc à la limite de devenir anorexique de la pub car tout ça me laisse un goût amer dans la bouche… J’ai donc décidé de me mettre à la diète en me faisant des intraveineuses de nature et revenir aux choses essentielles, qu’on nous libère de cette société de braconniers où on nous appâte avec du miel dans la voix pour qu’on consomme plus, toujours plus !

On en arrive même à ce que nos produits de beauté deviennent des gourmandises. Franchement je me demande si je ne vais pas me transformer en ermite pour me nourrir essentiellement de méditation et d’introspection.

Enfin bon, en attendant de me nourrir de racines d’arbre et de prières, je vis la nature par procuration en regardant ce superbe film « Un jour sur Terre » histoire d’oxygéner mes petits neurones occidentaux et profiter du peu de temps qu’il me reste avant de mourir dans ce monde sous antibiotiques…

Mais à ce qu’il paraît, ce n’est pas automatique !

Publié dans Billet d'humeur

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