Le retour en grace des locomotives à vapeur - Paimpol / Pontrieux (22)

Publié le par Isabelle


Ils empruntent des voies désaffectées, promises à l'abandon. A l'heure où chacun court après le temps, ils font l'éloge de la lenteur. En France, 150 locomotives, 700 kilomètres de voies, 3 millions de visiteurs par an. Le «train touristique» sur la route des vacances, avec sa loco à vapeur et ses vraies escarbilles, on n'y échappe pas.

Le plus drôle, c'est qu'avant d'y arriver, on aura soi-même emprunté un TGV et traversé le pays en à peine deux heures trente. Comme l'auteur de ces lignes qui s'est rendu, un beau jour de mai, au «premier salon français des chemins de fer touristiques». Le TGV Paris-Nîmes vient à peine de démarrer qu'un prosélyte vient faire l'article sur ces trains touristiques. Il a une devise : «Faire vivre au XXIe siècle le chemin de fer du XIXe.» Et un credo : «On emmène les gens d'un point à un autre, car on sait pertinemment que les gens prennent rarement le train pour aller nulle part.» 

Nostalgie. A l'arrivée du TGV à Nîmes, un minibus brinquebalant fait la jonction avec le Vapeur des Cévennes, un tortillard de 1 000 chevaux qui ne dépasse pas les 50 km/h, peine à monter les côtes et envoie des fumées dans les naseaux. Certains wagons n'ont pas de fenêtres. Il s'agit de «retrouver» des sensations pourtant inconnues, mais pour lesquelles, paradoxalement, pointe dans le public une certaine nostalgie.

Le chef de gare ­ fausse bacchante abondante ­ baragouine à toute allure quelque chose qui doit être du patois cévenol. Sur le quai, des gens en habit 1900 font décor. Coups de sifflet, le Vapeur s'ébranle. Un nuage épais sort de la loco (Krupp 1937). «Un train à vapeur, c'est une tonne de charbon tous les jours», dit l'exploitant. Le charbon était importé du Venezuela, mais il chauffait tellement qu'il fendait les grilles de la chaudière. Le Vénézuélien a donc été remplacé par du «polonais». 

Dans les wagons, des familles prennent des photos, se filment. Un jeune homme explique qu'il tente de comprendre les «sensations» qu'éprouvait son grand-père en conduisant le train, pour de vrai.

Une demi-heure plus tard, le Vapeur entre en gare de Thoiras, petit village cévenol choisi pour site du salon des chemins de fer touristiques.  Plusieurs tentes abritent des représentants de tous les petits trains de l'Hexagone. On note la présence du magazine Voie étroite. La publication se situe sur une niche : elle ne traite que des «lignes» dont les écartements de rails sont inférieurs à un mètre. Il y a aussi un responsable du Gentiane-Express, sur feue la ligne Paris-Béziers. Ce train, qui porte le nom d'un apéro local, est perché dans le Massif central. Grâce à lui, le coin ­ qui «a périclité», selon son représentant ­ a retrouvé quelques couleurs. D'après un calcul effectué par un exploitant, «un euro dépensé pour l'achat du billet génère un euro de marge brute grâce à la restauration, l'achat de souvenirs...» 

Concurrence. La journée transformée en partie de campagne avec fanfare, discours, élus locaux, permet d'apprendre que tout ce beau monde (les collectivités locales) vantant le train cévenol se tire pourtant un peu dans les pattes pour financer l'attraction. «Il faudrait investir 3 millions d'euros sur cette ligne pour la remettre en état», lance un élu. Le maire de Thoiras réclame que le train fasse toujours halte dans son village, et pas seulement aujourd'hui. L'exploitant du Vapeur l'envoie promener : «M'arrêter pourquoi, pour voir des ronces ?» Stopper «n'importe où» avec un train à vapeur, cela fait «perdre du rythme», ajoute-t-il. Rouge de colère, l'élu quitte la salle. Et le train, Thoiras. On se dit alors que, dans les Cévennes, les gens n'ont pas la langue dans leur poche.

Au terminus à Saint-Jean-du-Gard, un représentant du Train des mouettes (Saujon - La Tremblade, en Charente-Maritime) et un autre de l'île d'Oléron se toisent : «Pourquoi vous avez des subventions du conseil général et pas nous ?» On apprend que des grands groupes (Veolia et Suez) s'intéresseraient à ces marchés-là. Signe qu'il y aurait peut-être autre chose que des escarbilles à gratter.


 

Mais cet article serait incomplet et pour le moins subjectif si je ne faisais une petite parenthèse pour le joyau des Cotes d'Armor : La vapeur Du Trieux !!

De Paimpol à Pontrieux, sur 16 Km, la ligne de chemin de fer domine le cours de la rivière dont on ne peut profiter que du train : ni route, ni sentier ne surplombent la vallée du Trieux. Il faut pour la découvrir monter à bord d'une "PACIFIC 231K8" qui tousse et qui crache, l'un des derniers joyaux en état de rouler classé « Monument Historique » datant de 1922.

La promenade suit l'estuaire du Trieux et permet de découvrir des points de vues uniques et inaccessibles en voiture sur les beautés de la campagne bretonne, pour le plus grand plaisir des yeux et un souvenir inoubliable : Pontrieux, charmante cité de caractère aux 40 lavoirs ; le château de La Roche Jagu du XVe siècle, Paimpol et son port de pêche... Ecoutez le guide commenter le voyage et vous raconter les paysages traversés.

Pour agrémenter la balade, une halte est prévue au beau milieu de la forêt, à la maison Seznec, chargée d'histoire et de mystère. Pour les gourmands et les petits creux, une collation champêtre vous y attend (crêpes, bolée de cidre au beau milieu des pins et des châtaigniers). Des sonneurs bretons vous accueillent, pour un dépaysement garanti.

En voiture! "La Vapeur du Trieux" va partir; tous reconnaîtront les trois coups de sifflet de la locomotive.

Le site OFFICIEL de "La vapeur du Trieux", c'est par ici !

10 2005 08 17 PAIMPOL (22) 231K8 VAPEUR DU TRIEUX PROMONTOIRE TRAOU NEZ Vue sur l'estuaire du Trieux, vers le Lédano.


Publié dans Côtes d'Armor

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article