Le renouveau du mobilier urbain

Publié le par Isabelle

Les villes changent. Leur mobilier aussi. Bancs, Abribus, luminaires, poubelles, bacs à fleurs, protections d'arbre, barrières tentent de créer ou de modifier l'image d'un quartier. Parfois, sans qu'on s'en rende compte, tous ces éléments réunis accompagnent nos changements de comportement. Ils incitent au repos, aident à la visibilité d'un trajet de transport en commun, encouragent la convivialité. Selon Philippe Bourachot, gérant de la filiale française de la société italienne de mobilier urbain Metalco, on peut encore qualifier de banal 80 % du marché urbain.

"C'est un univers qu'il est difficile de faire évoluer, explique-t-il. Parce que chaque ville possède sa charte de design. Mais, grâce aux architectes et aux prescripteurs, les choses évoluent."                    En effet, élus locaux, urbanistes, aménageurs d'espaces, architectes et fabricants réfléchissent ensemble pour améliorer l'esthétique et les conditions de vie des villes. La tâche n'est pas simple.

Le mobilier urbain doit suggérer, inviter sans contraindre et respecter l'architecture environnante tout en lui apportant une touche nouvelle. Aujourd'hui, on ne se contente plus de dire "on change tous les bancs".

On réfléchit à ce que l'on veut dire aux utilisateurs. "Avant, on vendait les produits de façon individuelle, aujourd'hui, on mène une réflexion plus globale sur la fonction de l'objet, sa place dans la ville, son positionnement par rapport aux éléments préexistants", précise Vincent Schaller, président de la société alsacienne de mobilier urbain Sineu Graff.

Designers, aménageurs d'espace et fabricants ne se contentent plus de créer un objet supplémentaire mais tiennent compte de l'environnement pour le choix des formes, des couleurs et des matériaux. Longtemps réduit à son aspect utilitaire, voire publicitaire avec les incontournables espaces Decaux (Abribus, panneaux...), le mobilier urbain modelait uniformément quartiers et villes. Deux facteurs ont modifié cette banalisation : l'intérêt grandissant pour le design et les changements de mode de vie. "Avec notamment l'arrivée de nouveaux transports comme les deux-roues, les tramways, souligne Vincent Schaller, les villes se renouvellent et de nouveaux besoins apparaissent." Infrastructures pour les vélos, abris, banquettes (ces bancs sans dossier qui permettent de se poser et non de se reposer) sont autant d'éléments qui modifient le paysage urbain.

 La ville doit aussi offrir la possibilité de créer de la convivialité entre des populations d'origines et d'âges différents tout en leur permettant de se préserver un peu d'autonomie. "On s'est rendu compte que rien n'est plus terrible que ces bancs installés en carré autour d'une petite place. On ne s'y sent ni vraiment tranquille ni en droit de se parler", remarque Vincent Schaller, dont l'entreprise a précisément mis au point des salons de jardin qui permettent de recréer du lien ou de rester à l'écart.

Bon moyen de concilier collectivité et indépendance, la chaise se taille un certain succès sur le marché du mobilier urbain. Dans une banlieue de Mulhouse (Haut-Rhin), l'installation de chaises pivotantes sur la place qui séparait la gare et la rue piétonne a redonné vie à ce no man's land. La roulette qui équipe un seul pied de ces chaises réalisées par Sineu Graff permet de s'approprier son siège, de le tourner vers les autres ou pas.

Le langage aussi évolue. Avant on parlait de poubelles. Laides, on cherchait à les cacher. Aujourd'hui, on parle de corbeilles de propreté. Du coup, les créateurs s'évertuent à créer des corbeilles fonctionnelles, identifiables et esthétiques qu'on n'a plus peur d'exposer.

Toutes ces modifications incitent les fabricants à faire appel à des designers de renom (Antonio Citterio, Marc Aurel, Pininfarina, Italo Rota... chez Metalco) et à sortir plusieurs collections par an. Plus que tout autre, le mobilier urbain doit durer, et donc être entretenu. Les progrès et les traitements réalisés sur les matériaux comme l'Inox, l'aluminium, l'acier, le bois, le permettent. Lignes épurées, aériennes, ajourées, effilées, formes et couleurs multiples se déclinent dans ce mobilier urbain qui doit pouvoir vieillir avec le temps qui passe et celui qu'il fait.

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