Si on descendait S. GUILLON ???
Ca ne m'arrive pas souvent de me sentir totalement en phase avec un article de presse. De commencer à lire un article, de me dire "oui", puis, deux lignes plus loin "oui, oui", puis, à la fin du deuxième paragraphe, "encore", et oui et ouiiiii et encore et encore, j'adore, vas-y.
Et d'en sortir essoufflé, lessivé, surpris, jubilant. Et de relire, relire et relire, jusqu'à vider le papier de sa substance, jusqu'à ne plus rien sentir.
De se dire que l'auteur est génial, génial d'avoir aussi bien compris ce que je ressentais, sans l'avoir théorisé, d'avoir su dire très exactement ce que j'avais besoin d'entendre à ce moment là.
L'autre jour, ça m'est arrivé.
Mais non, il n'était pas question de politique, de société, d'actualité ou même de sport.
C'était dans Voici. Le toujours excellent Voici.
L'auteur, c'était Yann Moix.
Le sujet, c'était Stéphane Guillon.
Le principe, c'était d'atomiser Guillon. Et ça c'est bon, parce que Stéphane Guillon, rien que de le voir, même sur une affiche, ça me met hors de moi.
Je vais donc user de mon droit de citation pour tenter de vous faire partager ma jubilation :
"J'aime beaucoup Stéphane Guillon. Comme les contrôleurs SNCF ou RATP, comme les inspecteurs de l'Urssaf ou les huissiers. Il exerce, pour subvenir à ses besoins, une profession de méchant (...) Il est devenu cruel en échange d'une fiche de paie (...) Mais on sait bien, Sartre l'a écrit, qu'un contrôleur, une fois endossée sa panoplie avec casquette et petite sacoche, finit par se prendre pour un contrôleur (...) Il y a 4 sortes d'humoristes : 1. les gentils sans talent, 2. les gentils avec talent, 3. les méchants avec talent, 4. les méchants sans talent (les aigris) : (...) Stéphane Guillon, donc. L'écueil de la méchanceté sans talent (...) c'est qu'elle est à l'humour ce que la masturbation est à l'amour : attendue, mécanique, répétitive, sans surprise. on devine tout à l'avance chez Guillon : qu'il s'en prendra à la niaiserie de Lalanne, aux seins refaits de Loana, à la boboterie de Vincent Delerm, à la beauferie de Bigard, à l'arrivisme de Sarkozy (...), à l'académisme de Jean d'Ormesson (...), au nombrilisme de Christine Angot. Stéphane Guillon est une sorte de loi de l'attraction : quand tu lâches une pomme, hop, inéluctablement, elle tombe. C'est prévu. C'est prévisible. Eh bien, quand Guillon lâche un nom, hop, on sait où ce nom va atterir, dans quelle case, avec quel calembour, sur quel ton. Guillon est l'inventeur de l'humour newtonien (...) C'est pourquoi il me fait tant de peine quand il s'escrime à attaquer des gens qui ne lui ont rien fait. et qui, lorsqu'ils osent lui répondre, mettent Stéphane dans une rage folle : en effet, la répartie, il ne sait pas faire, ce n'est pas écrit, ce n'est pas prévu, il n'est pas payé pour ça (...)"
Le contrôleur RATP, c'est exactement ça. Le méchant sans talent, c'est exactement ça. L'humour newtonien, c'est exactement ça. Stéphane Guillon, c'est exactement ça.
Voilà, c'était un coup de coeur pour un coup de gueule. Je ne sais pas vous, mais cette prose, j'adore.
Et d'en sortir essoufflé, lessivé, surpris, jubilant. Et de relire, relire et relire, jusqu'à vider le papier de sa substance, jusqu'à ne plus rien sentir.
De se dire que l'auteur est génial, génial d'avoir aussi bien compris ce que je ressentais, sans l'avoir théorisé, d'avoir su dire très exactement ce que j'avais besoin d'entendre à ce moment là.
L'autre jour, ça m'est arrivé.
Mais non, il n'était pas question de politique, de société, d'actualité ou même de sport.

L'auteur, c'était Yann Moix.
Le sujet, c'était Stéphane Guillon.
Le principe, c'était d'atomiser Guillon. Et ça c'est bon, parce que Stéphane Guillon, rien que de le voir, même sur une affiche, ça me met hors de moi.
Je vais donc user de mon droit de citation pour tenter de vous faire partager ma jubilation :
"J'aime beaucoup Stéphane Guillon. Comme les contrôleurs SNCF ou RATP, comme les inspecteurs de l'Urssaf ou les huissiers. Il exerce, pour subvenir à ses besoins, une profession de méchant (...) Il est devenu cruel en échange d'une fiche de paie (...) Mais on sait bien, Sartre l'a écrit, qu'un contrôleur, une fois endossée sa panoplie avec casquette et petite sacoche, finit par se prendre pour un contrôleur (...) Il y a 4 sortes d'humoristes : 1. les gentils sans talent, 2. les gentils avec talent, 3. les méchants avec talent, 4. les méchants sans talent (les aigris) : (...) Stéphane Guillon, donc. L'écueil de la méchanceté sans talent (...) c'est qu'elle est à l'humour ce que la masturbation est à l'amour : attendue, mécanique, répétitive, sans surprise. on devine tout à l'avance chez Guillon : qu'il s'en prendra à la niaiserie de Lalanne, aux seins refaits de Loana, à la boboterie de Vincent Delerm, à la beauferie de Bigard, à l'arrivisme de Sarkozy (...), à l'académisme de Jean d'Ormesson (...), au nombrilisme de Christine Angot. Stéphane Guillon est une sorte de loi de l'attraction : quand tu lâches une pomme, hop, inéluctablement, elle tombe. C'est prévu. C'est prévisible. Eh bien, quand Guillon lâche un nom, hop, on sait où ce nom va atterir, dans quelle case, avec quel calembour, sur quel ton. Guillon est l'inventeur de l'humour newtonien (...) C'est pourquoi il me fait tant de peine quand il s'escrime à attaquer des gens qui ne lui ont rien fait. et qui, lorsqu'ils osent lui répondre, mettent Stéphane dans une rage folle : en effet, la répartie, il ne sait pas faire, ce n'est pas écrit, ce n'est pas prévu, il n'est pas payé pour ça (...)"
Le contrôleur RATP, c'est exactement ça. Le méchant sans talent, c'est exactement ça. L'humour newtonien, c'est exactement ça. Stéphane Guillon, c'est exactement ça.
Voilà, c'était un coup de coeur pour un coup de gueule. Je ne sais pas vous, mais cette prose, j'adore.