Coup de gueule vs les Distributeurs et Marges arrières

Publié le par Isabelle

La grande distribution a la particularité de faire payer la publicité, notamment locale, par ses fournisseurs. C’est le principe des « marges arrière » qui consiste à refacturer aux fournisseurs une quote-part des dépenses engagées, et qui couvre bien d’autres opérations : espace et positionnement dans les rayons ou en « tête de gondole », droit de pratiquer une promotion, référencement (sorte de droit d’entrée payable par produit et par magasin). Ces marges arrière peuvent aller jusqu’à 50% du prix du produit, voire 60% dans des cas extrêmes.

 Or, les marges arrière sont un moyen d’exercer une pression considérable sur les fournisseurs, en exacerbant les tendances de l’économie (recherche du coût le plus bas et du profit le plus élevé) et aboutissant à des pressions sur le social et l’environnement :
- rétribution inéquitable pour les agriculteurs
- pollution de la terre, de l’eau, de l’air
- incitations (plus ou moins) implicites à délocaliser vers des pays aux législations moins contraignantes sur le travail et l’environnement, avec les conséquences que l’on connaît sur l’emploi et les conditions sociales ici, sur les conditions de travail et l’environnement dans les pays du Sud.

Cependant, les marges de la grande distribution restent très confortables. Certaines familles propriétaires font partie des premières fortunes de France (famille Mulliez pour le groupe Auchan, famille Leclerc). Carrefour est le deuxième distributeur au niveau mondial, derrière Wal Mart, probablement la plus grosse entreprise du monde, premier employeur aux Etats Unis et au Mexique, mais dont une partie du personnel vit en-dessous du seuil de pauvreté, dans des conditions précaires en termes d’assurance maladie et de retraite 

Les produits « MDD » (marques de distributeur) qui se développent de plus en plus permettent de contourner les législations mises en place sur les marges arrière puisque le fournisseur devient sous-traitant et le distributeur donneur d’ordre. Ainsi la relation entre producteur et consommateur est complètement rompue ; le distributeur peut changer de sous-traitant du jour au lendemain sans que le consommateur s’en aperçoive. Le producteur devient donc encore plus dépendant du distributeur, ainsi que le consommateur, fidélisé sur une marque qu’il ne trouvera pas ailleurs.

Nous sommes assurément bien loin du développement durable !

Un rappel historique :
- le marketing et la publicité sont nés, aux Etats Unis puis en Europe, avec l’objectif d’écouler des productions industrielles et de s’assurer des débouchés stables, fabricant ainsi le « consommateur »,.
- cette évolution s’est faite dans un contexte de luttes de pouvoir et d’influence entre les producteurs et les intermédiaires (entre producteurs et consommateurs) qui ont abouti à la formation des oligopoles de production et de distribution que nous connaissons aujourd’hui.

La boucle serait-elle bouclée avec cette « moralisation » du consommateur par la distribution ?

Non : les consommateurs peuvent et doivent agir et s’intéresser à ces dépenses publicitaires, qui font partie du prix des produits qu’ils achètent.

Ainsi, l’édition de mars de Psychologies magazine comporte quatre pages de publi-rédactionnel « Mieux consommer, c’est d’abord mieux se connaître »de l'enseigne Carrefour, où l’on découvre en pages 3 et 4 que Carrefour apporte toutes les solutions aux préoccupations exposées en pages 1 et 2. Les mentions légales nous permettent d’apprendre que « ces pages ont été réalisées par les services commerciaux de Psychologies magazine ». En résumé : une communication particulièrement perverse quand on sait comment les publicitaires utilisent les techniques de manipulation issues des connaissances de psychologie et de sociologie !

Elle évoque par ailleurs les connivences de la presse et la dépendance des médias aux budgets apportés par la publicité.

La palme revenant en ce moment à Michel edouard Leclerc qui pleure sur le système des marges arrières en dénonçant les pratiques éhontées de fournisseurs sans scrupules qui augmenteraient leur prix sans que ces pauvres petits sbires dans les centrales puissent négocier le moindre centimes.

Messieurs dames : sortez les mouchoirs pour les Leclerc, Muliez et compagnie !!

 

Publié dans Billet d'humeur

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L
Tous des P....on les connait bien les loustics n'est pas ma coco ?
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