Elles ...

Celle qui échappe, celle qui s'accroche, les passantes, les étrangères, les séductrices, les séduisantes, Nausicaa, la Gradiva, Mademoiselle Albertine, Madame de S., la femme de Putiphar, Lady Chatterley, la sultane, la recluse, l'éplorée, l'inconnue... Passions dévorantes, chastes amours, séparations, déclins. Une succession de courts récits qui se font écho et qui disent tous le bonheur et la douleur d'aimer.
Elles, touchantes, maternelles, égoïstes, immatures, fidèles, menteuses, joueuses, aimantes, fragiles, rancunières, si proches et cependant à jamais insaisissables.
Elles se sont les femmes, objet ou sujet, (c'est selon !) du dernier livre de Pontalis. A travers une quarantaine de courts récits, l'écrivain et psychanalyste signe dans cet ouvrage un bel hommage aux femmes. Peut-être l'un des plus beaux que l'on ait eu à lire depuis longtemps. Ici pourtant, comme dans tous les livres de Pontalis, pas de concession sur la nature profonde de l’être humain. Dans son style très reconnaissable, d'une limpidité extrême, Pontalis nous raconte les multiples facettes de la relation homme-femme. De ces choses que l'on appelle amour ou passion et qui unissent les êtres ou au contraire les séparent.
Qu'elles viennent de la littérature à l'instar de l'Albertine de Proust ou de la mythologie comme pour les femmes d'Ulysse, qu'elles aient traversé réellement la vie de l'auteur, ou qu'elles aient compté dans celles d'autres hommes dans lesquels il s'est reconnu, Elles sont les héroïnes de ces petites fables qui racontent à leurs manière aussi les hommes.
Des rencontres, des séparations, des incompréhensions, des déchirements, des désillusions, de la nostalgie et des rendez-vous manqués.
Pontalis nous montre le paradoxe qui sous-tend la rencontre d'un homme et d'une femme, leur différend originel, si l'on peut dire, et illustre à merveille le caractère inéluctablement éphémère de l’amour. Il nous fait approcher de l'impalpable sentiment amoureux, nous décrit par petites touches “cet invisible que nous ne sommes pas à même d'observer ni de peindre.”
Et alors quelle grâce, lorsque Pontalis clôt son livre sur un happy end digne d'un Harlequin... qu'il dédie à Elle au singulier. Touchant de beauté ! Parfois pour nous en éloigner aussitôt, d'autres pour nous ouvrir les portes du rêve... couleur pastel.